Une étagère, un rejet du mur. La greffe d’un corps vivant tel qu’une jeune pousse sur un arbre.
« L’union des greffes avec leur sujet, s’opère comme la réunion de toutes les plaies qui intéressent l’écorce & le bois […] et fait de la greffe une branche naturelle du sujet ». (Charles Bonnet, Considérations sur les corps organisés).
Une étagère, un rejet du mur. La greffe d’un corps vivant tel qu’une jeune pousse sur un arbre met à l’épreuve sa composition, l’écorce, le bois. L’écorce, c’est une apparence, une peau mais aussi le chemin de la vitalité, elle est en contact intime avec sa structure, le bois. Protectrice de son corps, il est admirable de l’interpréter comme le revêtement surfacique d’un objet. Tous deux jouent sur l’aspect du corps, le revêtement est porteur de textures, de couleurs, d’histoire.
Greffer, est une action décidée par l’homme, dans l’intention de fusionner, de transformer, d’enrichir un corps. Cet embryon qui est inséré dans une plaie, opérée par l’homme, devient un rejet, une pousse. Il est possible d’unir uniquement des éléments de même composition, de même structure. Le bois est formé de fibres, de vaisseaux créant des réseaux, ceux-ci se fusionnent en leur donnant toutes les conditions nécessaires.
L’opposition d’Antigone à son oncle Créon est représentative. L’opposition nous donne simplement la nature de la relation réciproque entre deux sujets, deux objets. Cette représentation est commune à ses deux extrêmes, le positif et le négatif ne peuvent être compris l’un sans l’autre. Le positif et le négatif forment un ensemble homogène ou non, il est impossible d’en supprimer un, puisqu’ils se définissent réciproquement.
La greffe est un ensemble, l’association du greffon et du porte-greffe. Tout comme le coin d’un mur, il est l’ensemble d’une partie pleine et d’une partie vide. Dans un contexte d’intérieur de maison, la partie vide, pour l’utilisateur, est une plaie du mur. Toute plaie doit être comblée, l’homme n’est pas fait pour vivre dans le vide. Il a besoin d’espace pour structurer, ranger aussi bien des idées dans sa tête, que des produits dans une maison. Il est donc nécessaire de combler cette partie vide par un corps intelligent, fonctionnel et simple.
Une interaction ludique avec la structure de rangement et l’utilisateur est importante. L’ordre est une façon de ranger, elle doit plaire, correspondre à l’utilisateur pour qu’il s’épanouisse. L’utilisateur préfère un total accès à la commodité pour une simplicité fonctionnelle. L’accroche, dans la partie vide de l’angle, s’initie par un individu, qui contrôle depuis le début jusqu’à la fin sa vie d’assistance.
Les deux extrêmes, de l’angle du mur, sont non homogènes, l’adaptation de la structure à la partie vide se fait en toute liberté. Les fibres, les vaisseaux du bois sont des membranes, des cloisons d’une maison ; les panneaux de fibres utilisés forment une structure, un réseau, tout comme celui du bois. L’écorce de l’arbre, cette enveloppe est comparable au manteau de laque qui recouvre Antigone.
Antigone, un peu d’ordre ! Le réseau, la structure que tu es, permet à l’homme de se retrouver dans une simple expression de rangement organisé.